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Disparus sans visages
Installation 

Forger la Méditerrannée - Exposition collective
Pavillon de la Côte d'ivoire - Biennale Dak'Art 2022

Musée de Civilisations Noires - Dakar

Tous ceux qui sont partis sans avoir eu une sépulture,

toutes ses âmes qui errent entre ici et là-bas,

tous ces voyageurs devenus migrants,

tous ceux dont les corps ont coulés au fond de l’océan

attirés par l’esprit du voyage,

je vous appelle ici et maintenant pour poursuivre la marche...

À toutes et celles qui n’ont plus de nouvelles d’un proche,

venez et prosternez-vous...

Allumez un cierge...

Ils sont parmi nous.

Disparus sans visages est un hommage à Yaguine Koïta et Fodé Tounkara, deux adolescents Guinéens retrouvés morts dans le train d’atterrissage d’un avion de la Sabena le 2 août 1999. En 1999, je commençais fraîchement à travailler comme graphiste dans une agence de publicité basée à Abidjan en Côte d’Ivoire.

Cette triste nouvelle de la mort de ces deux adolescents guinnéens m’avait à peine ému certainement à cause de l’insouciance de mes jeunes années et l’excitation du passage à l’an 2000 qui occupait toute l’actualité.

Ce jour du 2 août 2019, je suis en résidence de recherches à la cité internationale des arts à Paris lorsque la commémoration des 20 ans de ce drame me réveille brutalement de mes longues années de sommeil et d’inaction.

Au même moment, des migrants squattent tous les soirs le parvis de la cité Internationale des arts et d’autres plus nombreux, encore campent Porte de la chapelle. L’histoire se repète...  le mercredi 8 janvier 2020, un adolescent Ivoirien est retrouvé mort dans le train d'atterrissage d'un avion reliant Abidjan à Paris. Il avait 14 ans et était en classe de 4e.

Avant lui, en avril 2013, le corps sans vie d’un garçon probablement mineur, candidat malheureux à l’immigration, avait été retrouvé à l’aéroport de Roissy dans le train d’atterrissage d’un avion en provenance du Cameroun.

Des questions se bousculent alors dans mon esprit.

Comment ai-je pu continuer à vivre à côté de cette tragédie humaine sans la voir ?

Qu’est devenu notre humanité ?

D’où vient cette indifférence face aux malheurs des autres ?

 

Je pense alors à toutes celles et ceux qui n’ont pas survécus à ce voyage... ceux dont les corps échouent sur les plages ou finissent enfouis sous des couches de sable dans le désert lybien... Ils n’auront pas de sépulture.

Pour contempler ces visages, il faudra piétiner la lettre manuscrite de Yaguine et Fodé comme bien souvent nous piétinons les droits fondamentaux des plus faibles. Une bande sonore diffuse des témoignages de personnes qui ont tenté ce voyage funeste entre désert et mers à la merci des passeurs.  « Disparus sans visages »  est ma prière aux morts, ma manière de célébrer une messe, de verser un peu d’eau froide sur la terre afin que chacune des âmes en errance trouvent enfin un lieu de repos. 

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